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Nos campagnes
ReAct Transnational mène des campagnes globales afin de construire un contre-pouvoir à même de défendre les droits et les intérêts du plus grand nombre face aux géants de l’agro-industrie.
Ces campagnes se construisent toujours en s'appuyant sur les colères et les revendications des personnes directement impactées, celles qui, au quotidien, subissent les conséquences des activités agro-industrielles. ReAct Transnational est d'abord au service de leurs mobilisations, qui sont renforcées et amplifiées grâce à un travail de structuration des organisations de membres, au développement de coalitions d'alliés, à la publication de rapports documentés et à l'interpellation directe des groupes agro-industriels à l'origine de ces abus.Le combat des sans-terres face aux monocultures de palmiers à huile et d'hévéas
Des communautés d'Afrique et d'Asie s'organisent contre les accaparements de terres du groupe Socfin-Bolloré
La monoculture de palmiers à huile et d’hévéas dans des plantations à grande échelle entraine de nombreux préjudices, du non-respect des droits humains à la mise en péril des écosystèmes. On trouve de telles plantations en Asie, mais aussi en Amérique du Sud et en Afrique. Ces productions s’inscrivent dans un mouvement plus large de développement de l’agro-industrie par des entreprises multinationales à l’échelle mondiale.
Dans cette logique, les entreprises multinationales acquièrent des concessions de plusieurs centaines à plusieurs milliers d’hectares via des baux de longue durée, de 59 ou 99 ans. Ces contrats, négociés au plus haut niveau de l’Etat, ne prennent pas en compte les réalités environnementales et socio-économiques des terres en question.
Le cas Socfin-Bolloré
Socfin est l’une de ces entreprises multinationales ayant repris ou établi des plantations agro-industrielles controversées. Le groupe possède des plantations de palmiers à huile et d’hévéas dans dix pays, pour un total de concessions d’environ 400 000 hectares. Cette holding luxembourgeoise, qui possède une multitude de filiales dans différents pays du Nord et du Sud, est détenue par l’homme d’affaire belge Hubert Fabri. L’actionnaire principal de Socfin est le Groupe Bolloré avec 39% des parts.
Le groupe Socfin a été épinglé par plusieurs ONG pour des pratiques d’optimisation fiscale agressives. Leur rapport montre comment Socfin transfère ses bénéfices des pays d’Afrique et d’Asie où sont produites les matières premières vers des paradis fiscaux tels que la Suisse.
Les riverain·es impacté·es s’organisent en éco-syndicats
Face à ces injustices, les riverain·es se sont organisé·es au niveau local et international pour demander justice. Dans plusieurs pays, Cameroun, Côte d’Ivoire, Liberia, Sierra Leone et Cambodge, ils et elles ont monté des éco-syndicats. Ces organisations réclament :
- Un réel dialogue social
- La rétrocession d’une partie des terres accaparées
- Des compensations effectives et des mesures de développement économique et social
- La protection de l’environnement
Depuis plus de dix ans, ReAct Transnational appuie le développement de ces éco-syndicats. Des organisateur·trices se rendent auprès des riverain·es en colère pour les accompagner dans la structuration de leurs organisations et l’élaboration des stratégies d’interpellation de la direction. ReAct Transnational a aussi participé à la formation des leaders élus aux techniques de négociation, d’actions directes non violentes, de développement de coalitions d’alliés, etc.
Ces différentes organisations, Synaparcam, MALOA, LACDISTFAC, Kwamuneh, BIPA, ont obtenu de plusieurs victoires locales au fil des années :
- Le paiement d’une partie des cultures détruites par l'entreprise LAC (Liberian Agricultural Company) à 133 familles de paysans pour un montant de 54 800$ ;
- La construction et la réparation de forages dans plusieurs villages, la livraison de citernes d'eau potable lors de la pollution de la rivière du village Lendi au Cameroun ;
- L'aménagement de terrains pour le marché, l'extension de la ligne électrique à Mbambou et Dikola au Cameroun ;
- La reconnaissance de 142ha de forêt sacrée et terres communautaires à Busra au Cambodge et une contribution financière pour des cérémonies d'apaisement des esprits ;
- La construction de latrines et de pompes manuelles dans certains villages de la plantation de la Salala Rubber Company au Liberia ;
- Le passage d’une loi plus protectrice pour les droits fonciers de communautés et des femmes en Sierra Leone ;
- La limitation des extensions des plantations sans concertation préalable des populations.
Les préjudices subis par les communautés riveraines
Sur son site internet, Socfin se targue pourtant d’être « un acteur majeur du développement économique de ces régions, en répondant aux besoins sociétaux fondamentaux tout en s’assurant de la préservation de l’environnement ». Les situations décrites par les individus résidants sur ou à proximité des plantations sont pourtant toutes autres. Les préjudices rapportés portent sur :
- La privation de moyens de subsistance en l’absence de terres et de forêts rendues désormais inaccessibles : les surfaces plantées au sein des concessions accordées à Socfin sont passées de 140 424 hectares à 193 588 d’hectare entre 2010 et 2021, soit une augmentation de plus de 35%. Ces expansions ont provoqué de graves conflits avec les habitant·es ;
- Les déplacements forcés de villages entiers, sans le consentement libre, préalable et informé des personnes impactées ;
- La destruction de terres sacrées et de cimetières malgré les interpellations répétées des communautés ;
- La faiblesse des compensations octroyées en échange des terrains, qui parfois n'ont même pas été intégralement versées aux ayant-droits.
- Le non-respect des obligations du groupe vis-à-vis de la fourniture de services publics. Eau, électrification, écoles, dispensaires, entretien des routes ne sont effectuée que très partiellement et sur quelques plantations seulement.
- La précarité des emplois proposés, les salaires dérisoires, le manque de protection physique accordées aux travailleur·euses ;
- Les entraves à la liberté de circulation par des milices privées au prétexte de protéger les plantations contre les vols et dégradations.
- Le harcèlement et les agressions sexuelles subis par les femmes lorsqu’elles travaillent ou doivent traverser les plantations.
- La pollution de l'air, des sols et des eaux liée au déversement massif de pesticides et autres produits chimiques utilisés pour la production des noix ou du latex. La question de l'accès à l'eau potable est particulièrement prégnante pour la population qui n'a pas accès à des sources alternatives.
Création d’une Alliance transnationale des riverain·es mobilisé·es
Pour gagner en puissance face une holding positionnée à l’échelle internationale, les éco-syndicats se sont réunis au sein de l'Alliance Transnationale des Riverain·es des Plantations de Socfin Bolloré. Ils mènent au sein de celle-ci des actions coordonnées depuis 2013. ReAct Transnational participe à la coordination de cette alliance et son inscription dans une coalition plus large d’ONG nationales et internationales mobilisées contre les abus de l’agro-industrie. L’Alliance Transnationale des riverains a ainsi réussi à pousser le Groupe Bolloré à l’ouverture de négociations entre 2014 et 2016. Bolloré a ensuite décidé unilatéralement de se retirer de ce processus, arguant que sa position d’actionnaire non majoritaire ne lui permettait pas d’imposer au Groupe Socfin les changements demandés par les représentants de l’Alliance. Alors que les mobilisations locales faisaient face à une politique répressive inédite de la part des filiales du groupe Socfin, particulièrement à l’égard des militants sierra-léonais et libériens, des actions de soutien simultanées dans plusieurs pays ont été organisées par les membres de l’Alliance. Ces actions ont permis la libération rapide des militants emprisonnés.
La multiplication des pressions sur SOCFIN et sur le groupe Bolloré et la médiatisation accrue des abus, ont entrainé le groupe Socfin à rédiger une « politique de gestion responsable » en décembre 2016. Ces engagements offrent de nouveaux leviers sur lesquels les riverains peuvent s’appuyer pour interpeller Socfin lorsque ses engagements ne sont pas tenus, et pour avancer sur les revendications qui ne sont pas encore prises en compte dans ces engagements. En 2019, ReAct Transnational a publié un rapport qui détaille, quelques années après, où en sont ces engagements :
Le travail des membres de l’Alliance, de ReAct Transnational et de leurs alliés a aussi permis d’ériger Socfin comme un symbole des pratiques écocides de de l’agro-industrie, qui, malgré une mise en avant de valeurs environnementales et sociales, ne cesse de piétiner les droits des populations et de s’opposer à la protection de l’environnement. Ils participent à la coalition de la société civile qui poussent à l’adoption par l’Union Européenne d’une loi forte contre la déforestation et pour la régulation des multinationales à l’échelle régionale.
Aujourd’hui, l’Alliance Transnationale des riverain·es des plantations de Socfin-Bolloré, ses organisations membres et ReAct Transnational restent mobilisés pour interpeler les groupes Socfin et Bolloré et porter au niveau international les demandes concrètes des riverain·es.
La santé africaine sous pression des monocultures de canne à sucre
La multinationale Castel en Afrique menace la santé humaine et environnementale
Le marché brassicole africain est l’un des plus dynamiques et concentrés au monde : si 40 industries brassicoles se partagent 90 % de la production de bière au niveau mondial, un oligopole de quatre brasseurs européens se partagent 90 % du marché de la bière en Afrique, devisé à 13 milliards de dollars en 2018 : le belge AB Inbev, le français Castel, le néerlandais Heineken et le britannique Diageo.
Pendant plus d'un an, ReAct Transnational a enquêté sur l'un d'entre eux : le groupe Castel, qui occupe la seconde place du marché africain des boissons. A travers un ample travail de recherche documentaire et la conduite d'enquêtes de terrain au Cameroun et en Côte d'Ivoire, ReAct Transnational démontre comment Pierre Castel, 96 ans et PDG de la multinationale éponyme, s'est bâti un véritable empire des boissons au détriment des travailleur·euses, des riverain·es et des ressources naturelles du continent : l’ « Africain de Bordeaux », dixième fortune française avec un capital estimé à 1,3 milliards d'euros, tire en effet 80 à 90 % de ses revenus de la vente de bières et boissons gazeuses en Afrique, où il possède une centaine de filiales et est en situation de monopole dans une quinzaine de pays.
Pilier historique des investissements français en Afrique, Pierre Castel en est aussi l'un des plus influents : interrogé au sujet de ses relations avec les chefs d’Etats africains, celui-ci confessait : « L’Afrique, c’est toute ma vie. (…) Je les connais tous, ça aide ». Il est même accusé de « complicité de crimes contre l’humanité » et « complicité de crimes de guerre » pour avoir alimenté la guerre civile en Centrafrique, suite à son soutien logistique et financier durant plus de six ans à une milice armée coupable de massacres de masse, de viols, d'enlèvements, d'actes de torture et de recrutements d’enfants soldats.
L'enquête de ReAct Transnational dresse ainsi un constat accablant pour ce discret industriel, étayé dans un rapport d’une centaine de pages documentant précisément comment le groupe a systématiquement recours à des stratégies marketing agressives, à la précarisation du travail, à l'accaparement des terres, à la surconsommation d'eau, ou encore à l'épandage de produits chimiques extrêmement dangereux pour la santé humaine et la biodiversité.
Les riverain·es s'organisent en éco-syndicat pour protéger leur santé et leur environnement
Au Cameroun et en Côte d'Ivoire, les conflits sociaux entre les riverain·es et les filiales sucrières du groupe se sont multipliés ces dernières années. En Côte d'Ivoire, des actions de blocage ont eu lieu en 2013 et 2017 ; au Cameroun, des actions de même type et des manifestations massives rassemblant plusieurs centaines de riverain·es se sont répétées en 2005, 2012 et 2021.
Dans ce pays, les riverain·es ont même saisi le Point de contact national français pour la mise en œuvre des Principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales (PCN), qui concluait en 2022 à une « violation de droits reconnus aux communautés riveraines » concernant leurs « droits à un environnement sain, la santé, l’alimentation, l’eau, le travail décent, une indemnisation juste et équitable ».
Depuis 2023, les habitant·es des 20 villages riverains des plantations de canne à sucre de la Sosucam au Cameroun s'organisent au sein de l'association OnEstEnsemble pour protéger leur santé, leur environnement, leurs cultures vivrières et les écosystèmes locaux.
Décidé·es à s'engager pour plus de justice sociale et environnementale, les riverain·es organisé·es revendiquent que la filiale sucrière :
- Mette un terme à l'épandage de produits chimiques, notamment aérien, qui souillent les cultures vivrières, l'eau, les sols, l'air et menace leur santé
- Mette en place des mesures pour protéger les écosystèmes et la ressource en eau
- Mette un terme à la technique du brûlage des cannes à sucre
- Indemnise les riverain·es à la hauteur des dommages causés
- Améliore la qualité de l'emploi accordé aux riverain·es
- Mette un terme à l'extension des cannes à sucre et à la déforestation
Vivre à proximité des monocultures de canne à sucre
Dans sa volonté de contrôler l'ensemble de sa chaîne de valeur et de ne plus dépendre des importations de matières premières, Castel a pénétré le marché africain de l'agroalimentaire en 2011 en acquérant l'un de ses acteurs-clés, le groupe SOMDIAA. Ce faisant, le groupe exploite des surfaces agricoles toujours plus vastes en vue de fournir ses bières et boissons gazeuses en sucre, maïs, céréales, etc.
Au Cameroun et en Côte d'Ivoire, la multinationale a accaparé plus de 40 000 hectares de terre pour y planter sa monoculture de canne à sucre, avec des conséquences sociales et environnementales des plus graves pour les riverain·es : bouleversement de l'ordre socio-politique local et fragilisation des normes et valeurs socio-culturelles qui prévalaient jusqu’alors ; déforestation et disparition de certaines espèces d'arbustes comme l'ekali ; perte massive de biodiversité et de cultures vivrières du fait de l'épandage de produits chimiques extrêmement dangereux tel que l'atrazine, interdit en Union européenne du fait de sa létalité.
« Je sais que sur le long terme, nous mourrons à petits feux. Il est certain que l’espérance de vie dans nos communautés a sensiblement diminué »
Abdou Aloo, président de la faîtière des Comités Riverains de Veille, Cameroun
Qui plus est, le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme des Nations Unies a déjà interpellé l’Etat du Cameroun pour lui signifier que la filiale sucrière du groupe refusait de verser les indemnités prévues aux riverain·es pour l'acquisition de leurs terres. Un manque à gagner d'autant plus pesant que les riverain·es trouvent difficilement une activité économique alternative pour compenser la perte de leurs cultures vivrières. Et lorsqu'ils et elles sont employé·es par Castel - en 2010, seuls 4 % des employés de la filiale sucrière camerounaise étaient d’ancien·nes paysan·nes ayant perdu leurs terres -, il s'agit le plus souvent d'emplois précaires et très faiblement rémunérés.
Mobilisation locale contre les épandages aériens de pesticides
Au Cameroun, le groupe français Castel utilise sur ses plantations des produits phytosanitaires interdits en Europe, via des épandages aériens, une pratique interdite en France.
"La diffusion de produits par les avions détruit nos propres cultures vivrières, pollue de nombreuses sources d'eau que nous utilisons au quotidien, provoquant des maladies récurrentes, de détruit la faune aquatique ou des espèces comestibles comme les chenilles".
Sa Majesté Joseph Mbeung, chef de village de Nguen
Les membres de l'écosyndicat de riverains de la Sosucam OnEstEnsemble demandent l’arrêt de l’épandage aérien des produits phytosanitaires.
En attendant que cette mesure soit totalement mise en œuvre, ils demandent :
- Le maintien des aéronefs à au moins 1 km des villages riverains des plantations de cannes
- Le non-traitement sur des périmètres de protection de 2 km autour des sources d'eau et rivières
Pour des vergers fruitiers sans pesticides
L'agro-industrie fruitière empoisonne le vivant
Près d'un tiers des fruits produits en Europe sont contaminés par des pesticides dangereux. Une contamination qui a explosé au cours de la dernière décennie : +53 % en moyenne entre 2011 et 2019, tandis que certains fruits présentent des taux alarmants, comme les kiwis - +397 % - ou les pommes - +117 %.
Ces deux cultures sont au coeur du modèle agricole des Vergers du Sud : leader français du marché de la pomme, du kiwi et du melon, la multinationale exploite plus de 1 250 hectares de vergers industriels sur le territoire français : de fait, un verger de cette entreprise est environ dix fois plus grand que la moyenne française, tandis que 70% de sa production est exportée vers des marchés privilégiés tels que le Royaume-Uni, les Émirats Arabes Unis ou le Qatar.
Une logique productiviste répliquée en Espagne, au Maroc et au Sénégal, où le groupe possède quelques 1 500 autres hectares de vergers industriels. La stratégie du groupe a toujours été basée sur le volume : en pleine expansion, l'entreprise rachète habituellement des exploitations agricoles en difficulté, les agrandit et amplifie leur capacité de production : mise en place de monocultures, intensification de l'agriculture chimique, mécanisation de l'agriculture, décuplement des capacités de conditionnement, etc.
Or ces pratiques ne sont pas sans dangers : du fait de ces extensions perpétuelles, et alors que le changement climatique a augmenté de 60 % la probabilité que survienne un gel tardif en période de bourgeonnement, Les Vergers du Sud ont délibérément et illégalement brûlé 200 tonnes de paille et de gasoil pour protéger leur verger industriel du Tarn (81) d'un gel tardif, intoxiquant une centaine de personnes au monoxyde de carbone et en envoyant une vingtaine à l'hôpital.
« J’ai eu des vomissements incessants, donc je suis parti aux urgences. Mon taux de carbone était à 6,6 alors qu’il doit être inférieur à 2 en temps normal. On est en danger de mort, réellement. Il faut qu’ils en prennent conscience, car si je dormais deux heures de plus, je ne me réveillais peut-être jamais »
Pierre, habitant d’Ambres
Vers un mouvement éco-syndical national et européen
Un écosyndicat pour des territoires zéro pesticides dans la vallée de la Durance
Une dynamique d’organisation similaire est en cours dans les Alpes-de-Haute-Provence (04), où 300 personnes ont été privées d'eau potable durant plus de quatre mois dans le village du Castellet. En cause : une pollution de l’eau sept fois plus élevée que la normale suite à la décomposition d’un pesticide classé cancérigène, mutagène et reprotoxique (CMR).
Sur la commune des Mées, les habitant·es vivant pour certain·es à quelques mètres à peine des pommiers sont très inquiets pour leur santé et celle de leurs enfants.
"Quand ils épandent, je ferme les portes et les fenêtres, et j'empêche mes enfants de sortir. Ma terrasse est à quelques mètres des pommiers, les produits arrivent jusque dans ma piscine. J'ai eu des soucis de santé depuis que j'habite ici, notamment pendant ma grossesse, je me pose des questions.
Dona, habitante de Dabisse
Une pétition a été lancée par les riverain·es inquiet·es pour tenter de faire changer les pratiques d'épandages, qui mettent à risque leur santé, l'eau et les écosystèmes, en demandant notamment des alertes en amont et la transparence sur les produits utilisés.
Le 5 mai 2023, près de 70 habitant·es du territoire étaient rassemblé·es à Oraison pour l'assemblée fondatrice de l'écosyndicat Riverains Ensemble Durance, pour construire un pouvoir citoyen à même de pousser pour des changements dans les pratiques d'un modèle agro-industriel toxique, et vers une agro-écologie soutenable et respectueuse du vivant.
Les familles riveraines du Tarn s'organisent et obtiennent leurs premières victoires
Suite à cet événement, plus de 500 riverain·es manifestaient leur colère et dénonçaient la prédation qu'exerce la multinationale sur leur santé et leur environnement : face à la pression citoyenne, l'entreprise s'engageait alors à stopper les extensions du verger industriel du Tarn.
Une mobilisation citoyenne similaire lors de la journée mondiale de la qualité de l’air en 2021 permettait d'obtenir la confirmation de la préfecture du Tarn qu'une telle méthode de lutte contre le gel contrevenait à l’article 163 du règlement sanitaire départemental : une prise de position salutaire de l'autorité préfectorale, qui dissuadera l'entreprise d’avoir de nouveau recours à de telles pratiques.
Organisé en assemblée citoyenne, l'éco-syndicat de riverain·es décidait alors de prioriser la lutte contre l'agriculture chimique, dont découlaient les quatre revendications suivantes :
- La transparence sur les produits phytosanitaires utilisés
- La mise en place d’équipements nécessaires pour contrôler les épandages par grand vent
- L’établissement d’horaires de non-traitement
- La mise en place de filets anti-dérives doublés de plantation de haies pour protéger les habitations situées à proximité du verger industriel
Les riverain·es organisé·es du Tarn, qui étaient à l'origine d'espaces de concertation entre les mairies, les riverain·es et l'entreprise afin de contraindre cette dernière à changer ses pratiques, ont jugé que le dialogue allait dans une impasse. Ils ont alors organisé une veillée funèbre rassemblant une cinquantaine de personnes à l'une de ces rencontres, et face à la pression citoyenne et médiatique, la multinationale et les mairies ont finalement décidé de financer 14 anémomètres interconnectés pour mesurer la vitesse du vent : une victoire importante, alors qu'il était jusque-là impossible de prouver que l’entreprise épandait des pesticides à des vents supérieurs à 19 km/h, une pratique interdite par la législation française.
Une autre avancée est à mettre au crédit des riverain·es organisé·es du Tarn : la mise en place par l'entreprise de filets anti-dérives pour protéger les habitations situées à proximité du verger industriel sur plus d'un kilomètre, répondant là aussi à l'une des quatre revendications formulées par les riverain·es.
En Bretagne, en Gironde, en Charente-Maritimes, en Isère, dans le Limousin, etc., des collectifs de riverain·es s'organisent face aux dérives de l'agro-industrie et obtiennent de multiples victoires : reconnaissance de maladies professionnelles liées à l'exposition aux pesticides ; mise en place d'une régie publique de l'eau intercommunale ; négociation de charte départementale pour améliorer les pratiques d'une entreprise agro-industrielle ; victoires en justice suite à la constatation de pratiques illégales ; soutien actif d'élus locaux suite à un long travail de sensibilisation ; ou encore conversion de vergers cultivés en agriculture conventionnelle à une agriculture biologique.
Ces éco-syndicats de riverain·es, qui sont en première ligne des effets destructeurs de l'agriculture chimique, ont vocation à se multiplier, et ce alors que la pollution de l'eau aux pesticides concerne potentiellement plus de 12 millions de français. Il y a donc un enjeu majeur à coordonner l'ensemble de ces éco-syndicats à l'échelle nationale et européenne, en vue de contraindre l'Union européenne à interdire l'homologation des pesticides les plus dangereux, et finalement à ne plus autoriser la mise sur le marché des pesticides de synthèse d'ici cinq ans. Une pression citoyenne d'autant plus nécessaire que cette même Union européenne prévoit une baisse de 50 % de l’utilisation des pesticides d’ici à 2030, tout en utilisant un indicateur qui discrimine le plus fortement les pesticides utilisés en agriculture biologique et favorise les plus toxiques.
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